Association pour la création du Parc Naturel Régional de la Sainte-Baume

 
 
 
 
 
 


 

 

Mars 2013

 

L’ARTIFICIALISATION DES ESPACES NATURELS
DES COMMUNES CENTRES DU MASSIF DE LA SAINTE-BAUME

nb d'habitants

en 2009 (sce INSEE)

Densité         (nb d'hab au km2 en 2009, sce INSEE)
variation positive de la population  1999-2009  taux moyen en%  (sce INSEE)                      
corrélation

PROJET

autre qu'étalement urbain artificialisant réalisé ou non depuis 1999  (à notre connaissance)

NB  de projets

Fréquence 

par an depuis 2009

GEMENOS
6037
184,3
1
10 10
0
ROQUEVAIRE
8489
356,2
0,7
12 11
0
AURIOL
11685
261,8
2,1
11 8
0
ST-ZACHARIE
4856
179,7
1,3
9 9
0
NANS LES PINS 
4123
85,9
2,7
7 6
0
ROUGIERS
1479
72
3,4
6 4
0
MAZAUGUES
801
14,9
4,5
1 2
parc photovolt (*) 2012
1
0;25
LA ROQUEBRUSSANNE
2324
62,7
3,3
5 5
0
0,25
MEOUNES
1947
47,6
4,2
3 3
parc photovolt (**) 2012
1
0,25
SIGNES
2845
21,4
3,4
2 4

parc phot (*) 2012 

    carrière Croquefigue (*) 2011

1
0,25
CUGES LES PINS
4836
124,6
2,5
8 7

parc phot (**) 2012        

  comblement vallon Espèces (***)  2009

2
0,5
LE PLAN D'AUPS
1439
57,8
6,5
4 1

parc phot Plan des Vaches (***) 2009

parc phot Adrets (**) 2012,       

        Chemin Rois (**) 2010,                

                   Tourne (***) 2012                          

4
1
RIBOUX
34
2,5
4,4
0
Moyenne (hors Riboux)
122 (Cuges  124)
2,9 (Nans 2,7)

 

Pourquoi un tel document ?


L’on entend dire localement que la position des associations qui défendent le milieu naturel du massif de la Sainte-Baume serait gangrenée par des effets triviaux de politique locale.


Considérant qu’ OBJECTIF PNR est composée de membres provenant de tous horizons, que le siège ne se situe pas dans la commune qui requiert notre attention, qu’au sein de son conseil d’administration, un seul membre sur huit habite le Plan d’Aups, il y a lieu de s’interroger sur les motivations qui pousseraient une telle association à sortir du but qu‘elle s’est fixé, ou, plutôt, sur l’intention de telles allégations dont on peut redouter qu’elles ne visent qu’à discréditer des citoyens ne partageant pas des orientations en matière d’environnement.
Nous estimons que ces orientations impactent un patrimoine national, et doivent activer les nécessaires rouages de la démocratie.

L’élève turbulent prend les nombreuses réprimandes du professeur pour de l’acharnement, alors que c’est un comportement qui en est la cause.

Afin de démontrer, autant que faire se peut, que le souci du milieu naturel de la Ste-Baume est l’unique préoccupation d’OPNR, nous avons élaboré un tableau comparatif relevant, des communes du pourtour du massif, les projets et orientations que l’on a jugé nuisibles à l’intégrité des espaces naturels.

 

Esprit et interprétation du document

Tout en s’efforçant d’être rigoureux, nous ne prétendons pas que celui-ci soit parfaitement objectif ; l’estimation des projets étant déjà subjective. Nous assumons cet état de fait, cependant, la dominante générale du propos est l’artificialisation grandissante des espaces naturels.

Nous avons distingué deux choses en matière d’urbanité : l’accroissement démographique et le mitage, les deux coïncidant fréquemment, mais pas systématiquement, car l’on constate que la densification, censée être un moyen de lutte contre le mitage (Grenelle 2), s’accompagne souvent de celui-ci.

En ce qui concerne les projets annexant les espaces naturels, les critères retenus ont été l’importance, la sensibilité de la situation, et l’état d’avancement de ceux-ci (le degré de crédibilité).
N’ont pas été insérés dans le tableau deux projets éoliens aux extrémités est et ouest du massif, ceux-ci n’ayant pas fait l’objet de ZDE validée (zone de développement éolien), et n’ayant pas de référence à jour au niveau su SCOT de la Provence Verte ; de surcroît celui de l’Est semble obsolète. Il faut toutefois avoir à l’esprit que de tels projets constituent une défiguration très grave de nos paysages.

Bien qu'un PNR n'ait pas de zone cœur ni de zone périphérique, nous avons naturellement concentré l'observation sur le centre du futur parc, c'est-à-dire la chaîne centrale qui fonde l'identité du territoire (ce qui ne signifie pas que l'on néglige la périphérie) car, avant tout, cette région ne serait pas ce qu'elle est sans la montagne. A l’instar, le territoire de la Sainte-Victoire, serait-il le même sans sa montagne emblématique, le Verdon sans le Grand Canyon, les Calanques sans la façade maritime ?
De plus, le tableau nous a paru suffisamment parlant sans qu’il soit nécessaire de collecter les données INSEE des 28 communes du futur PNR…

La position des projets influe sur un facteur de gravité : en effet, si un aménagement industriel en bordure de route et artificialisant des dizaines d’hectares de zone naturelle provoque notre mécontentement, le même aménagement au cœur de la montagne est encore plus grave à nos yeux. À cela se joint la spécificité du lieu : Un facteur de gravité est la proximité de la zone emblématique de la Sainte-Baume ainsi que le caractère sauvage.

Nous avons introduit trois niveaux de gravité : fort (*), très fort (**), majeur (***).

Deux paramètres sont à prendre en compte : le nombre de projets, et leur fréquence. En effet une commune a pu infléchir ses orientations, ou ne pas proposer de nombreuses réalisations altérant la nature.

La situation du Plan d’Aups est différente des autres communes de la périphérie. Ce village, le seul à être montagnard de par son altitude, se situant au cœur du massif, recueille les principaux aspects exceptionnels du territoire, à savoir :

- le pèlerinage de Marie-Madeleine avec la grotte, lieu de culte de renommée internationale,
- la forêt, exceptionnelle au plan national, mélangeant espèces méditerranéennes et montagnardes, seule hêtraie en futaie de Provence, associée à des ifs, des houx et un sous-bois dense et varié,
- une crête étroite, unique par l’altitude moyenne (1000 m) en cette région, s’étirant sur 12 kms,
- le paysage grandiose et abrupt du versant nord qui concentre les points culminants.

Aucune autre commune ne possède autant de caractères équivalents.
Par conséquent, plus que pour toute autre, l’on se doit d’être attentif à ce qui se passe en ces lieux.

L’étalement urbain pose, à l’heure actuelle, nombre de problèmes : défiguration des paysages, grignotage des espaces naturels, altération de la biodiversité, fractionnement des milieux naturels, altération de la perception de la nature et, corollairement, gestion de type « jardin public », etc.

En amont, nous constatons que des éthiques se confrontent, ce qui aurait pu être évité si la mise en place de structures industrielles à production d'énergie « propre » s'était accompagnée du respect d'un minimum de règles afin de ne pas provoquer de dommages collatéraux inacceptables, allant à l'encontre d'une autre éthique et au détriment de l'intégrité naturelle. Par ailleurs, nous estimons qu’il n’y a pas équité entre ces deux éthiques, l’une étant largement influencée par une logique mercantile.

La tendance naturelle est de ne considérer que l’actualité, les événements récents ou en devenir. Se produit alors une erreur d’appréciation qui, en occultant le passé, l’accepte sans concevoir que le présent s’ajoute à celui-ci. Cela a pour effet d’avoir une perception « sectorisée » de notre monde.  Ainsi, après de multiples dégradations, l’on en arrive à se satisfaire d’un bosquet surprotégé en oubliant qu’il fut naguère une forêt.
Est nécessaire la profondeur temporelle, ce qui fait « volume », afin d’avoir une appréciation lucide de la situation.

Pour ce qui est de la Sainte-Baume, les projets actuels ou récents, nuisibles à l’intégrité du milieu naturel, s’ajoutent aux anciens. Or, l’on a tendance à ne voir que les nouveautés, comme si l’on s’était adapté et habitué aux anciennes dégradations. Pourtant, les nouvelles s’ajoutant aux anciennes, un massif fortement dégradé s’offre à nos yeux, même si ce dont il en reste justifie qu’on le défende.

Il y a donc effet de cumul, de sorte que tout nouvel aménagement en pleine nature est insupportable, car nous considérons que le seuil de saturation est dépassé. 

Afin de rappeler l’histoire des atteintes à l’intégrité naturelle de la Sainte-Baume, ci-dessous la liste certainement non exhaustive des dégradations principales.

- radar aviation civile Bartagne (années 60)
- carrière Chibron, Signes
- tour hertzienne armée de l’air crête (années 60/70)
- ligne hte-tension versant sud (année 76)
- installation militaire sur les crêtes à l’est de la tour hertzienne (année 79)
- ligne électrique traversant le domaine des Glacières (années 2000)
- comblement vallon des espèces, Cuges (années 2000)
- carrière Croquefigue, Signes (année 2011)
- centrale photovoltaïque le Castellet (année 2011)
- centrale photovoltaïque, Cuges (année 2012)
- centrale photovoltaïque Signes (année 2012)
- centrale photovoltaïque, Méounes (année 2013)
- centrale photovoltaïque Mazaugues (année 2013)
- étalement urbain massif depuis les années 90

Contrairement aux autres grands massifs de la région, la Sainte-Baume a vu son patrimoine naturel se dégrader lentement au fil du temps. Par conséquent, nous considérons comme rédhibitoire tout projet impactant derechef l’espace naturel, et l’on ne peut se satisfaire d’une orientation qui n’aurait, pour toute ambition, que de limiter les aménagements futurs, ce qui revient à faire son deuil de la protection globale de la Sainte-Baume.

Force est de constater, qu’actuellement, malgré le site inscrit, malgré le projet de PNR, malgré les classements en zones ZNIEFF et Natura 2000, malgré les lois dites Grenelle de l’environnement, 1 et 2, malgré les dispositions retenues dans la Trame Verte, malgré les orientations des SCOT, malgré l’avis de l’ADEME, malgré les avis de la DREAL, malgré l’avis des associations et des citoyens, les espaces naturels de l’un des joyaux de région de Provence, déjà fortement dégradés, sont menacés en permanence.

Que valent donc tous les textes, toutes les dispositions institutionnelles s’ils sont inefficients?

Nous garderons en mémoire l’histoire de ces événements regrettables.

 

Analyse des données :

Les chiffres donnés par l’INSEE, notamment ceux de la densité et de  la variation de la population doivent donner lieu à interprétation.

La loi SRU et les Grenelle visent à la densification des communes de manière à réduire l’étalement urbain. Or, l’on s’aperçoit que cette densification peut très bien s’accompagner de mitage. Inversement, une commune ayant un taux de densification très faible n’a pas obligatoirement artificialisé ses espaces.

Pour cette raison, les données de la commune de Riboux ne font pas sens (avec un taux de 2,5 habitants au km2, on pourrait croire qu’elle est la championne de l’étalement urbain !) ; par conséquent, les statistiques de ce village ne sont donnés qu’à titre indicatif.

Prendre comme indicateur unique la densité est donc trompeur : si l’on ne considère que cette donnée, il suffirait, pour une commune ayant déjà « mité » ses espaces, de densifier son centre pour apparaître comme vertueuse.

Il se dégage des données urbanistiques du tableau deux grands ensembles : les communes proches de l’agglomération Marseillaise, et celles qui sont plus éloignées et situées, généralement, dans le Var.

Les caractéristiques du premier ensemble sont la densité supérieure à 122 (Gemenos, Roquevaire, Cuges, St-Zacharie, Auriol), et le faible taux de variation, inférieur à 2,9, (Gemenos, Roquevaire, Cuges, St-Zacharie, Auriol, Nans). On constate, qu’hormis le cas de Nans les pins, il y a corrélation entre densité et variation.
Néanmoins il s'agit des zones les plus citadines de la région, là où l'emprise de la ville est la plus grande (Auriol, 7e position française dans le classement du journal les Echos suivant l'article sur les plus fortes croissances de population).

Le deuxième ensemble est constitué des communes suivantes (nous inclurons Nans) : Nans, Rougiers, Mazaugues, le Plan d’Aups, la Roquebrussanne, Méounes et Signes. Ici la ville est moins présente, la population est nettement plus faible, les paysages plus verdoyants et plus campagnards.
Globalement, la situation urbaine de ces communes ressemble à celle des villages du premier groupe dans les années 80. On peut dire qu’il s’agit-là d’un état pré citadin.

L’indicateur le plus parlant est certainement celui de la variation de population (positif partout, c’est-à-dire que la variation va dans le sens de l’accroissement) qui semble relever d’une volonté de croissance urbaine (le taux le plus élevé est nettement celui du Plan d’Aups avec 6,5, le second est celui de Mazaugues avec 2 points de moins).

A propos des projets d’aménagement « annexant » les espaces naturels, à moins que l’on en ait omis par méconnaissance (OPNR n’a pas vocation à être un observatoire quotidien des événements locaux et ne peut être informé de tout), on observe que la commune du Plan d’Aups arrive encore en tête, aussi bien par le nombre que par la fréquence.

En considérant la situation de celle-ci qui cumule :

- position exceptionnelle
- taux record de variation de population
- étalement urbain
- nombre et fréquence des projets portant atteinte à l’environnement,
Il y a lieu de manifester sa désapprobation la plus catégorique.

Nous n'avons pas cru bon d'établir un classement. Chacun, s’il le souhaite, fera le sien. L'objectif de ce document, qui, si l'on peut en contester l'objectivité, a tout de même la prétention de faire émerger une logique par le fil conducteur du grignotage des espaces naturels, n'est que de mettre en lumière la justification de notre vigilance s'exerçant selon les différentes orientations communales.
Nous estimons, qu’actuellement, certaines attitudes compromettent gravement et de manière irréversible l’avenir de cet espace naturel d’intérêt majeur.

OBJECTIF PNR
Le CA
19 mars 2013

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 




 
 
      ©2014 Objectif PNR. Réalisation : EINSARGUEIX Bernard/REYNIER Thierry. Webmaster: PRIGENT Stéphane-Eddy/EINSARGUEIX Bernard.